Le président Emmanuel Macron a rencontré quatre petits-enfants d’un combattant de l’indépendance algérien pour leur dire qu’Ali Boumendjel avait été torturé et tué par des soldats français en 1957. C’était une nouvelle étape dans les efforts de M. Macron pour réconcilier la France avec son passé colonial tout en offrant une main tendue à l’Algérie, que la France a occupée pendant 132 ans.
Se réconcilier avec le passé
Dans une déclaration faite mardi dernier, le palais présidentiel de l’Elysée a déclaré qu’Emmanuel Macron veut donner aux familles des disparus des deux côtés de la Méditerranée « les moyens d’apprendre la vérité ». M. Macron est le premier président français né après la fin de la brutale guerre d’indépendance de sept ans de l’Algérie en 1962. Il avait promis de réparer les torts de l’époque coloniale et de mettre fin aux relations encore houleuses entre les deux pays.
L’Algérie a occupé une place particulière parmi les conquêtes coloniales de la France, devenant une partie de la France comme les autres régions françaises. Alors que les Algériens constituent une grande partie des immigrants en France, ce pays d’Afrique du Nord abrite l’inimitié des années de colonisation qui ont culminé avec la guerre, ses secrets brutaux enfermés dans des archives que M. Macron dit vouloir rouvrir progressivement.
La tentative de réconciliation de la France s’inscrit dans un mouvement plus large de prise en compte du sombre passé des nations, notamment aux États-Unis où les statues de l’époque de la guerre de Sécession honorant les héros du Sud qui ont défendu l’esclavage sont démolies. Emmanuel Macron a déclaré qu’il était opposé à l’enlèvement des statues pour effacer l’histoire. Il a également déclaré qu’il ne voulait pas s’excuser auprès de l’Algérie – même s’il a surpris tout le monde en déclarant, alors qu’il faisait campagne pour la présidence qu’il a gagnée en 2017, que la colonisation de la France était un crime contre l’humanité. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré l’année dernière que son pays attendait toujours des excuses officielles.
Un rapport énonce les faits
Un rapport commandé par M. Macron à l’historien Benjamin Stora, considéré comme le meilleur expert français sur l’Algérie, a déclaré que les excès d’une culture du repentir ne contribuent pas à affronter le passé. Cependant, M. Stora a également déclaré que pour guérir les blessures, il faut mieux comprendre ce que le système colonial impliquait, y compris sa réalité quotidienne et ses objectifs idéologiques et « comment certains en Algérie et en France ont résisté à ce système de domination ».
Parmi les recommandations figure la reconnaissance de l’assassinat de M. Boumendjel. Sa femme Malika avait passé sa vie à essayer de découvrir la vérité sur la mort de son mari pendant la bataille d’Alger, particulièrement brutale, lorsque, selon la déclaration présidentielle, « il a été arrêté par l’armée française, placé dans un lieu secret, torturé, puis tué le 23 mars 1957 ». Un général français, Paul Aussaresses, « a reconnu avoir ordonné à l’un de ses subordonnés de le tuer et de couvrir ce crime comme un suicide ». M. Aussaresses a été condamné en 2004 pour avoir défendu la torture.
En 2018, M. Macron a formellement reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort en 1957 d’un dissident en Algérie, Maurice Audin, admettant pour la première fois l’usage de la torture systématique par les militaires pendant la guerre.